Études économiques
Azerbaijan

Azerbaijan

Population 10,1 millions
PIB par habitant 5 398 $US
B
Evaluation des risques pays
C
Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 2023 2024 (p)
Croissance PIB (%) -4,2 5,6 4,6 1,1 2,6
Inflation (moyenne annuelle, %) 2,8 6,7 13,9 8,8 4,7
Solde public / PIB (%) -2,4 -1,1 -1,0 -1,9 -0,7
Solde courant / PIB (%) -0,5 15,1 30,0 12,4 13,5
Dette publique / PIB (%) 21,3 26,3 17,3 18,3 18,0

(e) : Estimation (p) : Prévision *Incluant les transferts du SOFAZ **N’incluant pas la dette garantie des entreprises publiques

POINTS FORTS

  • Fonds souverain bien doté, grâce aux hydrocarbures et à la position de créancier extérieur net du pays
  • Potentiel gazier important en mer Caspienne
  • Exportations de gaz naturel vers la Turquie et la Géorgie, ainsi que l’Italie, la Grèce et la Bulgarie, via le corridor gazier sud-européen
  • Ancrage de facto du manat au dollar étatsunien
  • Accord de Partenariat et de Coopération avec l’UE (1999)

POINTS FAIBLES

  • Enclavement et dépendance à la Turquie et à la Russie
  • Faible diversification économique, forte dépendance aux hydrocarbures (50 % du PIB, 90 % des exportations et ~50% des recettes fiscales), diminution des ressources pétrolières
  • Système bancaire fragile, opaque et dollarisé, crédit au secteur privé sous-développé
  • Mauvaise gouvernance (corruption, faible concurrence, répression, politisation du système judiciaire)
  • Faible croissance démographique et vieillissement de la population

Appréciation du risque

Une croissance dynamisée par le gaz naturel et la demande domestique

Après le net ralentissement économique de 2023, l’industrie gazière (+3,3% en glissement annuel) devrait entrainer une reprise de l’activité en 2024. En effet, les exportations d’hydrocarbures, dynamisées par la forte demande européenne, participeront positivement à la croissance. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en 2022, les membres de l’UE ont, en grande partie, substitué leurs importations de gaz russe par celles en provenance d’Azerbaïdjan, afin de réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. D’ici 2027, le gouvernement azéri s’est même engagé à doubler ses exportations de gaz naturel vers l’UE (20 milliards de mètres cubes par an contre 10 actuellement). Pour respecter sa part du contrat, le gouvernement mise sur l’exploitation de 12 nouveaux puits de gaz dans le champ Azeri-Chirag-Gunashli (ACG, en mer Caspienne) par BP, opérationnels, pour certains, dès 2024. Toutefois, le Parlement européen est hostile à l’accord gazier UE-Azerbaïdjan, en raison de violations des droits de l’Homme. A la suite de l’offensive azérie dans le Haut-Karabakh, en septembre 2023, contraignant à l’exode plus de 100 000 arméniens, les eurodéputés ont adopté un texte réclamant la suspension de cet accord et appelé à des sanctions ciblées contre l’Etat azéri en octobre 2023. Contrairement à celle de gaz naturel, la production pétrolière s’inscrit dans une tendance baissière depuis 2010 (-7,7% en glissement annuel en 2023) en raison de l’épuisement des champs pétrolifères, situés au sud de la mer caspienne. Toutefois, l’investissement de BP dans sa nouvelle plateforme pétrolière offshore Azeri Central East sur le gisement ACG, au démarrage prévu en avril 2024, pourrait, à terme, stabiliser la production de brut : 100 000 barils de pétrole / jour viendraient s’ajouter aux 474.000 (hors 124.000 de condensés) produits en janvier 2024, alors que le quota accordé par l’OPEP+, pour 2024, est de 551.000. En outre, l’allocation par le gouvernement, en 2024, de USD 2,25 milliards pour la reconstruction de la région du Haut-Karabakh devrait stimuler le secteur de la construction. Parallèlement, la résilience de la demande domestique tirera, une fois de plus, l’activité économique vers le haut. L’augmentation des salaires et des dépenses sociales, ainsi que la baisse de l’inflation, entretiendront la vigueur de la consommation privée.(42% du PIB en 2022). Bien que le niveau élevé de corruption et la lourdeur bureaucratique freinent l’appétit des investisseurs, hors hydrocarbures, l’investissement privé profitera tout de même du desserrement des conditions de crédit. La Banque centrale, qui veille à l’ancrage du manat au dollar (1,7 AZN par USD), s’alignerait sur une baisse des taux directeurs de la FED au second semestre 2024. L’investissement public (+10,4% en 2023) augmentera, gonflé par le développement des secteurs agricole et sécuritaire,. Les routes, les chemins de fer, les ports azéris continueront d’attirer les investissements étrangers, comme voie de transit alternative à la route russe. Inséré au sein du « Middle Corridor », reliant la Chine à l’Europe, l’Azerbaïdjan représente un point de passage stratégique pour les européens et les chinois (route de la soie), d’autant plus que les sanctions internationales pesant sur Moscou et Téhéran renforcent l’attractivité du territoire.

Excédents courant et public alimentés par les hydrocarbures

En 2023, l’excédent courant s’est considérablement contracté. Cela s’explique par une baisse des exportations (-30% en glissement annuel pour les hydrocarbures, malgré la forte demande européenne, du fait du repli des prix du gaz et du pétrole), alors que les importations, ont augmenté modérément, malgré la réduction des prix alimentaires internationaux. Le solde courant, hors hydrocarbures, a enregistré un déficit élevé (10,1% du PIB sur 9ers mois de 2023). En revanche, le déficit de la balance des services s’est réduit. Le renforcement des échanges commerciaux le long des « Middle and Southern corridors » entre la Chine et l’Europe a stimulé les services logistiques et de transports. Les importations de services liés à l’exploitation des hydrocarbures sont restées élevés. De même, le déficit du compte des revenus primaires a diminué de moitié, l’essor gazier encourageant les entreprises étrangères à réinvestir leurs bénéfices plutôt qu’à les rapatrier. En outre, le surplus du compte des revenus secondaires a reculé en raison du ralentissement économique russe (-64% de fonds envoyés par les expatriés en Russie). En 2024, le solde courant devrait rester largement excédentaire, renforcé par l’expansion des ventes de gaz naturel. Malgré les sorties nettes d’IDE et d’investissements de portefeuille, les réserves de change alimentées par l’excédent courant (équivalentes, en février 2024, à 8,5 mois d’importations non pétrolières), seront suffisantes pour continuer de financer l’ancrage du manat au dollar, ainsi que de lutter contre d’éventuel vents contraires extérieurs
Au plan budgétaire, le solde public a vu son déficit se creuser en 2023, en raison de la dépendance au gaz et au pétrole (51% des revenus). Les recettes publiques, qui ont fondu en cours d’année avec la baisse des prix du gaz et du pétrole, n’ont pas compensé l’augmentation de 9,2% des dépenses sociales et de l’investissement public. Le déficit public hors hydrocarbures a également augmenté (25% du PIB en 2023), si bien que le gouvernement a décidé de reporter la cible des -17,5% du PIB à 2027. Pour 2024, on s’attend à ce que le déficit reprenne sa tendance baissière. De plus, l’augmentation, de 9% par rapport à 2023, des transferts du SOFAZ, fonds souverain dédié, entre autres, à la diversification de l’activité économique, vers le budget de l’Etat, devrait aider à compenser la baisse des recettes pétrolières et à absorber une partie des dépenses liées à la reconstruction du Karabakh. Alimentés par les revenus pétroliers et gaziers, les actifs de SOFAZ se stabiliseraient autour des USD 56 milliards atteint en 2023, reflétant des recettes énergétiques encore élevées et des rendements record sur son portefeuille d’investissement. Enfin, le poids de la dette publique, dont un peu moins de la moitié externe, s’est maintenu en 2023 et ne variera pas en 2024, car le déficit est maintenu à un faible niveau grâce aux versements de SOFAZ.

 

Le pouvoir du président est renforcé par sa victoire sur l’Arménie

La prise de contrôle de la totalité du Haut-Karabakh, suite à l’attaque éclaire menée contre l’Arménie, en septembre 2023, a renforcé le régime autoritaire du président Ilham Aliyev. Après la chute du régime soviétique, et à l’issue de la première guerre (1992-1994), le Karabakh proclame son indépendance, sous la protection arménienne, mais reste considéré par la communauté internationale comme une région autonome de l’Azerbaïdjan. Heydar Aliyev, centrant son mandat autour de la reconquête de cette enclave, a su tirer profit de cette guerre pour accéder au pouvoir en 1993. En septembre 2020, l’Azerbaïdjan relance les hostilités avec l’appui de son allié turc, et parvient à reconquérir un tiers du Haut-Karabakh. Héritant de la présidence au décès de son père en 2003, Ilham Aliyev a profité de son regain de popularité, tiré de ses victoires militaires, pour avancer l’élection présidentielle d’avril 2025 à février 2024. Face à une opposition muselée, Aliyev a été, sans surprise, réélu pour un cinquième mandat consécutif avec 92% des voix. L’intégration du Haut-Karabakh au territoire national constitue un défi de taille. Etant donné qu’il n’a jamais fait réellement partie de l’Azerbaïdjan indépendante, Aliyev devra recourir à des dépenses publiques conséquentes pour désenclaver la région. Il incitera au repeuplement azéri du territoire. Par ailleurs, vue la forte dépendance azérie au blé importé, la sécurisation des approvisionnements alimentaires représente un objectif prioritaire. Pour y remédier, le gouvernement a limité les exportations de céréales et alloué un budget de 114 millions de dollars à la création d’une réserve alimentaire, tout en encourageant le développement du secteur agricole à l’aide de subventions. Enfin, Aliyev cherche à développer rapidement le secteur du gaz naturel, dont le pays dépend de plus en plus avec le déclin de la production pétrolière.
Les relations avec l’Arménie se sont, très récemment, un peu améliorées. Après 30 ans de conflit, les deux pays ont accepté, en décembre 2023, un échange de prisonniers de guerre. Mieux encore, l’Arménie a déclaré qu’elle ne bloquerait pas la candidature azérie à l’organisation de la COP29, avant même qu’elle ne la remporte. De son côté, Aliyev s’est engagé à soutenir la candidature arménienne à la tête du bloc régional lors de ce même sommet. L’UE cherche à faire avancer les négociations sur un accord de paix entre les deux pays, même s’ils ne partent pas sur un pied d’égalité. L’Azerbaïdjan est en position de force par rapport à l’Europe, qui cherche à sécuriser un apport gazier, et à l’Arménie, encore sous le choc de la défaite essuyée en 2023. Toutefois, le risque de reprise des hostilités reste élevé. Les escarmouches à la frontière se poursuivront, alors que son nouveau tracé est en discussion. L’ouverture du corridor de Zanguezour, qui relierait le territoire azéri à son exclave du Nakhitchevan à travers l’extrême sud-est de l’Arménie, est également source de tensions. Alors que cette liaison fournirait une alternative supplémentaire pour la circulation des personnes et marchandises entre l’Europe et l’Asie, l’extraterritorialité souhaitée par l’Azerbaïdjan déplaît à l’Arménie. L’Iran s’y oppose également, puisque le corridor entraverait les possibilités d’exportation vers ses voisins russes et arméniens. Les relations avec les pays de l’UE se sont tendues. L’UE a pris des mesures pour dissuader Aliyev de s’approprier le corridor de Zanguezour, en renforçant la présence de ses observateurs le long de la frontière arménienne. De même, en novembre 2023, les Etats-Unis ont annoncé cesser leur aide militaire à l’Azerbaïdjan. Par ailleurs, les relations avec les talibans afghans ont été normalisées, avec un projet d’ouverture d’une ambassade à Kaboul. Enfin, la Serbie et l’Azerbaïdjan ont signé un accord commercial en novembre 2023, par lequel Bakou s’engage à lui fournir du gaz sur 2024-2027.

 

Dernière mise à jour : Mai 2024

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